Pourquoi la presse française n’aime pas Google News – SEO

06 Nov 2012 2

La presse française n’aime pas Google, c’est une certitude. Preuve en est la discussion ouverte entre Google et les éditeurs de presse française au sujet d’une loi de taxation sur les liens référencés par l’intermédiaire de son agrégateur d’actualités : Google News. Google menacerait de supprimer les éditeurs belliqueux du service. Or, pour mémoire, l’indexation dans Google Actualités est à l’initiative des éditeurs de presse Web.  Il est donc tout à fait possible de s’en désinscrire… Plutôt que de racketter le géant du Web, pourquoi les éditeurs de presse ne  quitteraient pas le navire ?

Le problème

Google News référence automatiquement de nombreux liens sur l’actualité d’un pays en provenance de la presse locale, nationale et internationale. Plusieurs milliers de sources sont agrégées, comparées et triées afin de ressortir le meilleur de l’actu dans les domaines de l’actualité locale, nationale, économique, scientifique, etc. Sur sa page Actualités, Google affiche donc un condensé des articles : le titre, la description, un lien vers le contenu original ainsi que de nombreux liens vers les articles en rapport avec le même sujet.

Le problème c’est que les éditeurs de presse ont l’intime conviction d’être pillés plutôt que d’être mis en avant en apparaissant sur Google News. Le contenu original n’étant pas affiché, ça ne parait pas tout à fait évident. La plateforme fonctionne comme son moteur de recherche : un titre, une description, un lien.

Le véritable problème c’est que les éditeurs de presse voient d’un mauvais oeil que Google gagne de l’argent grâce à un trafic qu’ils considèrent comme leur appartenant. Alors que dans le même temps, ils ont beaucoup de mal à monétiser ce trafic important : près d’1 milliard de clics par mois quand même

Le constat

En réalité, Google News permet aux éditeurs de presse d’acquérir un trafic dont ils n’auraient jamais vu la couleur si Google n’était pas passé par là. Combien d’internautes iraient consulter 5 ou 6 sites de presse différents tous les matins ? L’apparition dans le service est un formidable tremplin qui offre une visibilité hors norme sur le Web.

Le constat est donc simple, d’un coté Google qui fait son travail de référencement, qui gagne de l’argent, beaucoup d’argent, grâce aux revenus de la publicité (je précise qu’aucune publicité n’est affichée sur Google News) ; de l’autre les éditeurs de presse qui cherchent désespérément un business model viable sur le Web.

Pourquoi les éditeurs de presse se trompent

D’un coté comme de l’autre, chacun dresse ses menaces, notamment le retrait du service. En n’étant plus référencés dans Google Actualité, les éditeurs perdront non seulement le trafic issu de ce service mais également un espace de visibilité sur le Web. Ils verront ainsi leur audience diminuer et, de fait, leurs revenus publicitaires. Cela ne règlera aucunement le vrai problème du financement de la presse.

L’exemple brésilien démontre qu‘il est possible de se passer de Google, et fort heureusement. Google n’est pas la solution ultime. Cependant, le mode de consommation des internautes brésiliens est très différents de celui des français. En effet, suite à la fermeture du service, le trafic des éditeurs brésiliens auraient chutés de 5% seulement (chiffre donné par les éditeurs ayant quitté le service). En comparaison, le trafic issu de Google News représente 40% du trafic des éditeurs de presse française.

Google en position de force

La position de Google est claire :

« Google ne payera pas pour du contenu qu’il n’héberge pas » précise Eric Schmidt.

Ok, les négociations vont être rapides puisque le seul et unique but des éditeurs de presse française est de taxer le géant du Web.

Sauf que supprimer les éditeurs de presse française de leurs sources  ne posera aucun problème à Google. En effet, il y a bon nombre de « petits » sites d’actualités qui n’aspirent qu’à rentrer dans l’index et qui profiteraient ainsi d’une visibilité exceptionnelle. Il est également envisageable de sonder les réseaux sociaux et les blogs afin de compiler l’actualité du moment.

La question n’est pas de savoir où Google va aller cherche les contenus, mais plutôt ce que les éditeurs d’informations ont à perdre… Et il semblerait que la presse ait bien plus à perdre que Google.