Qu’est ce qu’un site Internet écologique ?

03 Déc 2019 1 No tags

Pour inaugurer la nouvelle section « écologie » du blog, j’ai décidé de commencer par définir ce qu’on entend par site Internet écologique. Bien que répondant à une urgence climatique qui n’est plus à démontrer, l’écologie est à la mode, et nombreux sont ceux qui surfent sur l’aspect écologique des biens, produits ou services. Mais quand il s’agit d’informatique, peut-on réellement parler d’écologie informatique ou d’informatique éco-responsable, et par extension de site Web écologique ? Et en fait, c’est quoi un site Internet écolo ?

L’énergie verte, ça n’existe pas

Première chose : tout ce qui consomme de l’énergie pollue. Que cette énergie provienne de centrales à charbon, de centrales nucléaires, d’éoliennes ou de panneaux solaires : elle pollue de diverses manières. Via des rejets de CO2 ou de gaz polluants, via la pollution des sols, via les composants chimiques, via les procédés de fabrication, via les mécanismes de stockage de l’énergie, bref quand on prend la chaîne complète, il n’y a pas d’énergie verte .

Seconde chose, la pollution prend différentes formes mais la plus évidente actuellement est la pollution climatique qui engendre le réchauffement climatique. Ce changement est provoqué pour partie par les rejets de CO2 liés à la consommation énergétique. Pour rappel, l’énergie mondiale c’est 85% d’énergies fossiles, donc du pétrole, du gaz et du charbon (respectivement 32%, 28%, 24% en 2018). Ça signifie que quand on fait une recherche sur Google, on consomme de l’énergie, cette énergie provient à 85% de ressources fossiles, et on envoie donc directement du CO2 dans l’atmosphère (ça, c’est la version raccourcie).

Dans la vraie vie, c’est un peu plus complexe que ça. Par exemple, en France, l’électricité est majoritairement issue du nucléaire, 72% en 2018. Mais notre requête va parcourir le monde via les équipements informatiques de nombreux protagonistes. C’est donc très complexe de mesurer l’impact exact. Par ailleurs, la simple consommation électrique ne prend pas en compte l’énergie fossile nécessaire pour fabriquer et maintenir les équipements. Je vous invite à consulter ce guide pour réduire les impacts du numérique sur l’environnement édité par l’ADEME il y a quelques jours.

Ainsi, la seule solution dont nous disposons est la réduction de l’énergie consommée. Quand on parle d’un site Internet préservant l’environnement et la planète, on parle d’un site Internet éco-responsable qui consomme le moins d’énergie possible.

Un Internet vert, c’est possible ?

Soyons clair : par nature, aucune activité informatique ne peut se revendiquer écologiste, au sens de « qui prend soin de la planète et de l’environnement ». Un site Internet « vert », ça n’existe pas et ça n’existera jamais. Non, ce dont on parle, c’est simplement de limiter l’impact de l’informatique sur l’environnement.

En effet, quand on réfléchit au fonctionnement global d’Internet, on se rend vite compte du gouffre énergétique qu’il représente. Que ce soit les périphériques qui accèdent aux réseaux (ordinateurs, tablettes, smartphones, serveurs, objets connectés), les innombrables équipements nécessaires à l’acheminement des données, les serveurs qui répondent aux sollicitations, les sources de consommations énergétiques sont pléthoriques. Imaginez-vous une recherche Google effectuée sur votre smartphone :

  1. Vous utilisez votre smartphone, et donc sa batterie que vous avez chargée ;
  2. Lorsque votre recherche est lancée, elle transite par les réseaux 4G ou 3G via les antennes relais.
  3. Votre requête passe par les serveurs de votre Fournisseur d’accès Internet (FAI) qui va lui-même utiliser les interconnexions de réseaux pour acheminer les données. Des dizaines de serveurs vont rentrer en action pour assurer l’acheminement des données : DNS, Routeurs, Firewall, Proxies, …
  4. La requête va enfin être délivrée aux serveurs qui permettent son traitement : serveurs Web, serveurs de bases de données, serveurs d’indexation, serveurs de cache, serveurs de sessions… On parle là de gigantesques fermes de serveurs, pas de 3 machines dans un garage.
  5. Une fois le traitement effectué, la réponse reprendra bien évidement sa route vers son destinataire en sens inverse.

Cet enchaînement qui parait déjà important pour une seule recherche est multiplié par un facteur démentiel : uniquement pour Google, ce sont 3,3 milliards de requêtes qui sont envoyées chaque jour. Chaque heure, c’est 8 à 10 milliards de mails échangés. Dès lors, on se rend mieux compte de l’étendu du travail qui nous attend.

Le site Internet écologique n’existe pas

Vous l’aurez compris : le site Web écolo respectant l’environnement n’existe pas.

Le seul levier d’action sur lequel nous allons pouvoir agir est la consommation d’énergie utilisée par notre site Internet ou notre application Web. Ce qu’on appelle un site Internet écologique est en fait un site Web limitant la consommation d’énergie. Les prochaines articles de cette section sur l’écologie informatique tenteront de vous donner des pistes pour atteindre ce but.

A suivre