Blog de Nicolas Hachet

J’ai reçu un mail d’HADOPI, moi aussi j’ai ma recommandation…

Et voilà, j’ai reçu un message en provenance d’HADOPI de l’adresse mail cpd-hadopi@hadopi.com avec pour sujet Recommandation HADOPI… Je suis donc un méchant pirate, parait-il. L’occasion de faire le point sur ce que sont HADOPI et Internet, leurs compatibilités et l’avenir d’Internet.

Le mail de recommandation HADOPI est seulement là pour faire peur

HADOPI, qu’est-ce que c’est ?

HADOPI, de son nom complet « Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet » est une autorité publique instaurée le 31 décembre 2009 en écho à la loi Création et Internet. L’objectif annoncé est de mettre un terme aux téléchargements via les réseaux peer-to-peers type eMule ou BitTorrent.

HADOPI doit permettre de garantir les droits et la propriété intellectuelle sur Internet. L’idée, loin d’être idiote, est tout à fait défendable et compréhensible : les artistes ou les créateurs de contenus ne doivent pas être volés dans le réel, pourquoi le serait-il dans le virtuel ? D’autant que le résultat est le même : les utilisateurs écoutent leurs musiques, regardent leurs films, utilisent leurs logiciels. Il n’y a aucune raison pour que ça soit gratuit sur Internet.

Internet, qu’est-ce que c’est ?

Internet, de son vrai nom Inter-network, est l’agrégation mondiale de plusieurs réseaux décentralisés : un réseau de réseaux. Ce gigantesque agrégat a pour objectif de décentraliser l’information (information au sens « données ») en permettant à chaque Internaute de la mettre à disposition, de la dupliquer et d’y accéder sans limite. L’objectif initial était de pouvoir accéder à l’information en toute circonstance, même en cas de coupure d’une partie du réseau.

L’idée est prodigieuse. Construire une base de données commune, décentralisée et accessible sans limite par l’ensemble des Hommes : un rêve éveillé pour tous les philosophes…

Deux mondes qui s’affrontent

Oui mais voilà, dans notre monde imparfait, il y a toujours 2 camps qui s’affrontent. Et là, les 2 adversaires sont très puissants car il y a de très gros enjeux financiers derrières.

D’un coté, les défendeurs de la propriété : artistes, majors, négoces, revendeurs, diffuseurs. Dans la chaîne de création, de l’artiste au public, il y a un nombre impressionnant d’intermédiaires qui prennent de l’argent. Du coup tout ce petit monde n’a pas vraiment envie de voir débarquer un nouveau vecteur de diffusion qui leur soustrairait leur travail. Internet ne fait pas que des heureux…

De l’autre, certains artistes qui réfléchissent et qui se disent qu’en vendant eux-mêmes, directement sur Internet, ils gagneraient beaucoup plus qu’en passant par toute la chaîne de diffusion classique ; les amoureux du réseau qui, comme moi, le place comme média des médias, au dessus et en complément des médias classiques ; enfin, les utilisateurs qui sont quand même heureux d’accéder à du contenu gratos…

Alors on en est là, ce n’est ni tout noir d’un coté, ni tout blanc de l’autre. La lutte est féroce entre les protagonistes et la cause exacerbe les points de vue. Mais reste que, dans notre monde imparfait, le lobbying est très efficace. Du coup, nos politiques qui n’y comprennent pas grand chose, se laissent entraîner (corrompre ?) et nous pondent des lois qui ne veulent rien dire… HADOPI sort du chapeau.

HADOPI : une bonne solution ?

La solution parfaite n’existe pas. En revanche, il y a des bonnes et des mauvaises solutions. Autant le dire tout de suite, HADOPI est une très mauvaise solution. Pourquoi ?

C’est bien beau de critiquer.. Mais quelles solutions s’offrent à nous ? Et bien, même si elle n’est pas parfaite, la licence globale est un premier pas. En effet, elle permet de rémunérer les artistes et les créateurs, et seulement eux, grâce à une contribution payée par les internautes le désirant. Ainsi, sous réserve d’avoir payé son abonnement mensuel, libre à chacun de télécharger comme bon lui semble. Les artistes et créateurs perçoivent des revenus équitablement selon le nombre de téléchargements ; les utilisateurs accèdent aux contenus sans limite : la nature décentralisée du réseau est ainsi préservée.

Il y a donc une solution au problème du téléchargement illégal. Le problème c’est que HADOPI n’est que la partie visible de l’iceberg. En effet, certains dirigeants ont des idées plus radicales en tête et aimeraient bien profiter de la brèche ouverte par la loi HADOPI…

Vers la fin d’Internet libre ?

Et c’est là que ça se corse. Car, sous couvert du droit à la propriété intellectuelle (cf. HADOPI), de la lutte contre la pédopornographique ou de la lutte contre la cybercriminalité (cf. LOPSI, LOPPSI 2 et LOPPSI), les dirigeants tentent de vider Internet de sa substance : la préservation de l’information, la connaissance, la liberté.

Le filtrage est le danger d’Internet

Ainsi, les lois LOPSI, LOPPSI 2 et LOPPSI mette en place une surveillance, un contrôle et un blocage des informations du réseau Internet. L’archivage des données utilisateurs, le filtrage des sites Web sur demande sans contrôle judiciaire, une liste noire non publique de sites à bloquer par les FAI, le filtrage des adresses IP, la possibilité de s’introduire dans n’importe ordinateur sur autorisation du juge, telles sont les procédures mises en place par ces lois. Entre autres puisqu’il s’agit en fait de paquets législatifs sécuritaires, vaste programme…

Et dans le même temps, on autorise le gouvernement à vendre les fichiers personnels des cartes grises « à des fins d’enquêtes ou de prospections commerciales ». De qui se moque-t-on ?

Plus on avance, plus les dirigeants tentent de réduire les libertés sur Internet. Sans doute parce qu’ils ne comprennent pas, probablement car cet outil leur fait peur, ils autorisent la suppression de libertés. HADOPI n’est qu’une facette d’une ensemble d’autorités et de lois beaucoup plus dangereuses. Il appartient aux internautes de prendre conscience de ce qui se passe. L’éducation et l’information de chacun sont primordiales pour la préservation d’Internet tel que nous le connaissons.

Vous trouverez plus d’informations sur le Web :

  .
 ..: